samedi, février 26, 2005

Fashion Victim

Ben oui quoi, aussi un peu quand même. Il faut parfois savoir s'affirmer dans toute sa féminité et réclamer le droit à la futilité comme essence même de son bien être aussi. (Ha ha moi aussi je sais parler revendicatif d'abord).

Ce qui est bien quand on est en mission, c'est que comme on habite avec pleins de gens qu'on connait à peine, ou au moins qu'on n'a pas vraiment choisi de vivre avec, on prend une femme de ménage (ca évite les discussions oiseuses sur les tours de vaisselle, les nettoyages des parties communes et autres agréments de la colocation). Parce que déjà parfois ca vous a un petit cote Loft story ces missions, il ne faudrait pas rajouter de crises de colocations par dessus ca. En plus finalement, question crise, ceux du dehors s'en sont déjà chargé et souvent ce sont des pros, avec qui on ne peut pas vraiment rivaliser sur ce terrain (ben ouais moi je suis nulle en machette de toute façon) enfin de toutes façons ce n'est pas l'idée non plus, hein. Du coup la femme de ménage (enfin jusqu'ici plutôt la jeune fille de ménage) non seulement elle nettoie, mais en plus elle assure la paix sociale dans une maison de fous (et parfois aussi elle fait un peu bouc émissaire, mais ça c'est parce que les chaussettes ont des voies impénétrables et parfois les jeunes filles de ménage aussi) et si ca se trouve, elle ne s'en rend même pas compte.
Ce qui est vraiment bien dans la jeune fille de ménage, c'est qu'elle repasse les vêtements, et ça c'est même génial, en plus moi j'aime pas ça le repassage et ça prend un temps fou à faire et je me brûle tout le temps et il y a des faux plis extremement contrariants, des pinces alambiquées qui n'en font qu'a leur tete bref c'est horrible. Je n'ose même pas imaginer la multiplication du facteur d'horribilité du repassage provoqué par l'usage d'un fer à charbon (un genre de pire cauchemar de l'horribilité), ça me fait froid dans le dos rien que d'y penser tiens.
Enfin, depuis qu'une gentille jeune fille me repasse les chemises, je mets des chemises, c'est vachement pratique. En plus les chemises c'est solide, c'est toujours a la bonne temperature, c'est suffisamment propre sur soi sans etre deguise, c'est joli et en plus on peut en avoir de toutes les couleurs... Ouais les chemises c'est drolement chouette.
Mais pour le reste, c'est assez terrible. Pour une raison encore inconnue (3 ans que je suis sur l'affaire quand même) les habits ont tendance à fondre dans les pays chauds.
Mais attention ils fondent progressivement (à part les chaussette parce que c'est petit alors elles fondent tout d'un coup), ça peut commencer par la couleur (qui essaye de partir subrepticment mais n'est pas du tout assez subreptice pour mon oeil de lynx), ou bien les boutons (qui sont un peu plus francs du collier, limite bourrins je dirais et pas subtils du tout), les fermetures éclair (une dent après l'autre, impossible de les rattraper, parce que ça cavale drôlement vite ces betes la) et bien sur la fibre, le tissu lui même qui essaye de se faire la malle et manque parfois de mesure. Ca doit être l'appel de la nature, je ne vois que ça (enfin Asmara ou Baghdad comme appel de la nature j'avais commencé par trouver ça assez étonnant j'avoue, mais il faut aussi savoir rester ouvert aux hypothèses les plus absurdes parfois et quand même El nino, j'ai trouvé ça un peu tiré par les cheveux tout de même)

Ca n'a l'air de rien comme ça, mais quand on est venu avec une valise pour un an, avec une valise qui ne pouvait pas depasser les 20 kilos, ben on n'a rapidemment plus rien a se mettre pour aller voir Monsieur le Ministre (ou l'un de ses acolytes).OK OK j'exagere un peu c'est vrai, il me reste quand même une panoplie que je n'ai pas encore sorti de ma valise.

Bref, à un moment, c'est obligé, faut aller faire "pretty woman" en ville, et se mettre à la mode locale.
J'ai été obligée de faire du shopping, en regrettant ces chaines de prêt à porter qui font que tous les centre ville se ressemblent, mais ont l'avantage indéniable de prévoir un assortiment de vetements en plusiers tailles. Parce qu'ici il y a souvent une taille par modele, modele lui même quasi unique à chaque fois. Mais je ne perds pas espoir qu'un jour les chinois se mettent aussi aux chaines de prêt à porter avec pleins de tailles pour chaque modele et peut etre meme plusieurs couleurs, et on pourra s'habiller de la même façon où que l'on soit sur terre, et on n'aura même pas besoin de faire plusieurs magasins...
Ouais l'uniforme, c'est probablement un reve de gens qui detestaient le shopping...

Mouais, je ne suis plus sure de preferer affronter encore un tailleur pour homme irakien ou devoir entrer dans ces jeans tout petits petits petits, assortis au tee shirt de meme taille...

Il était une fois

une marchande de foie
qui vendait du foie
dans la ville de Foix
elle se dit ma foi
c'est la premiere fois
et la derniere fois
que je vend du foie dans la ville de Foix
...

Mouahahahaha (rire démoniaque)
Mais non ils n'ont pas encore reussi a me rendre completement folle, je vais tres bien d'abord.
Meme si je sais qu'"ils" sont là dehors à attendre le moindre faux mouvement de ma part pour me faire passer du côté obscur.
Ils ne m'auront pas !!!
On ne peut pas comme ça faire disparaitre un mélange de fromage qui pue et de nuoc mam. Je pourrais toujours m'en sortir à l'odeur.

Tiens d'ailleurs, je ne me rappelle plus comment il s'en sort dans "le domaine des dieux"
et je n'ai pas trouve de potion magique
Damned
Ils sont forts ces érythréens

samedi, février 19, 2005

Voyages ?

On a beau être déjà parti de chez soi, on pense quand même aux voyages.
A ceux des autres d'abord, dans des pays de poneys gelés ou au pays de mes ancêtres paternels, et puis aussi à mes vacances.

Mes vacances, j'aimerais bien qu'elles soient au Yemen.
D'abord il y a un vol direct depuis Asmara, ce qui est quand même assez pratique quand on a un temps limité. En plus ce n'est pas trop cher (la rumeur publique le met à 250 USD) et ça ne prend qu'une heure. Enfin il y a des vols directs Paris-Sana'a, ce qui est plutôt bien pour rencontrer des gens qui viendraient de Paris (même avec des poneys gelés dans leurs valises, allez).

Après, il y a la question du visa. Passons sur le fait qu'il faut un test HIV - opéré dans les conditions requises par l'ambassade du Yemen qui restent encore inconnues de ma personne -, bon finalement il y a beaucoup de pays qui demandent un test HIV, soit, passons aussi sur le fait que le visa soit un peu onéreux (quand on voit le prix des demandes de visas Schengen, on ne dit plus rien du tout). Non, en fait le problème ce n'est pas le visa pour arriver au Yemen, c'est qu'il faut un visa pour sortir d'Erythrée, et un autre pour y rentrer...
Et ça c'est pas gagné...

Pourtant j'ai une carte d'enregistrement d'étranger, un permis de résidence (ouais j'ai le droit de résider maintenant, parce que avant, ben avant, je faisais juste du business - si j'en crois mon visa) et même un permis de travail (comme chef de mission d'une ONG qui n'existe pas, cool, mais ça c'est encore autre chose).
Bon évidemment, si je veux un nouveau visa pour entrer en Erythrée, il faut que je justifie mon existence (jusque là pas trop trop de problèmes je suis très justifiée comme fille). Comme je bosse pour une ONG, il faut une lettre de soutien de mon administration de tutelle (ceux qui s'occupent de l'humanitaire par ici), soit ; mais l'administration de tutelle des ONG ne peut pas me faire de lettre puisqu'elle ne reconnait pas l'existence de l'ONG qu n'existe pas. Hum, le début des problèmes.
Alors je vais demander au ministère qui a signé le projet de me faire une lettre (ben non c'est pas le même vous croyez quoi ?). Mais là il va me demander une lettre du ministère avec qui je travaille au quotidien (euh oui encore un autre, désolée), parce que lui finalement il supervise de très loin et ne sait pas ce que je fais réellement dans ce pays (et puis aussi il n'est jamais là et super occupé)...
Vous n'avez pas encore mal à la tête ?
Bon à la fin il va falloir demander à un ministre de passer un coup de fil à un autre ministre pour que je puisse partir une semaine en vacances au Yemen.
Après faut pas s'étonner que les procédures administratives prennent du temps!!!

Enfin sinon Massawa, c'est sympa ça Massawa, non ? (et il n'y a MEME PAS besoin d'autorisation pour s'y rendre, un truc dingue, presque l'anarchie quoi).

PS: j'exagère à peine
PPS: Ce n'est qu'un échantillon des méandres administratifs que nous essayons de comprendre ici ; dès qu'il s'agit de notre projet ça devient bien plus compliqué, parce que forcément il y a encore plus d'autorités compétentes différentes... D'ailleurs j'ai fini par faire un tableau pour réussir à savoir qui il fallait aller voir à quel moment, dans quel ordre et pour quelle autorisation, et ce n'était pas juste parce que j'aime les tableaux...
PPPS: Ouais, il se pourrait bien que cette semaine je sois un peu énervée par l'administration, les "authorising signatures", les "supporting letters", les "permit request" dont on ne voit jamais le bout (parce que quand on a un foreigner registration, un residence permit, un work permit qui ont chacun nécessité une bonne dose de lobbying ministériel et autres supporting/covering letters, et qu'il faut encore un visa qui ne sera probablement pas accordé pour plus de 6 mois, et peut être que 3, pfff). Ben parfois en sortant d'un bureau d'une administration quelconque, on se dit que quand même c'était plus facile de bosser en Irak.
PPPPS: J'étais déjà plutôt forte en patience, mais là je deviens HYPER forte en formulaire B12, c'est le point positif (et en lettres, haaaa, vous devriez voir comme je suis devenue forte en lettre, un vrai régal)
PPPPPS: Pour les touristes c'est vachement plus facile tout ça (il n'y a qu'un seul ministère, celui des touristes) et il y a toujours du très bon cafés, une ville style années 30 italiennes, du soleil et de la pasta, sans compter une ONG super sympa qui a une chambre de passage (mais toujours pas de lit de passage mais j'ai déjà dis que c'était un insignifiant détail logistique ?)

dimanche, février 13, 2005

Crêpes party

Ouais on est hyper forts nous, on réussit à faire un brunch-crêpes, en pleine pénurie de (liste non exhaustive) : lait, farine, sucre...
Haha, c'est pas des vrais pros de distribution de bouffe ça peut être ?
Grâce soit rendu aux mollets du Z qui pédala d'épicerie en épicerie pour trouver les ingrédients nécessaires et dénicha le dernier kilo de sucre bien caché au fond d'un carton, au fond d'un rayon au fond d'une remise au fond du magasin du fond de la rue, ... dans le noir (ben oui c'était la nuit quoi) forcément parceque c'était au fond...et... la poele a crêpe, instrument indispensable à la réussite de l'opération.
Grâce soit rendu à tous ceux qui durant ces longues années ont perfectionné mon savoir-faire "crêpes" qui me permit d'épater tout le petit monde expatrié d'Erythrée (surtout ceux qui croient que c'est hyper dur de faire des crêpes), soit ma Môman-ta-moi, et ce breton de yaka (grâce à qui les débats d'écoles soutenus permettent à la science crêpiste de progresser).
Note personnelle au yaka : Oui j'ai cédé à l'appel de la bière dans la pâte, et voilà on vieillit, on se ramollit et on n'a plus la force de tenir ses convictions, pff je me désole parfois.
Note personnelle à la Môman-ta-moi : est-ce que tu pourrais me renvoyer la recette du gateau chocolat-noix de coco que je n'ai pas emporté avec moi (bon je n'ai pas trouvé de coco pour le moment, ni de chocolat noir, mais c'est en prévision).
Bon je vous laisse je vais prendre mon deuxième cours (toujours théorique bien sûr) de Rugby

samedi, février 05, 2005

Les sportifs

L'avantage de partir en mission avec un sportif de très haut niveau (ce n'est pas que de la vile flatterie, c'est vrai je vous jure, d'ailleurs je n'ai encore rien à me faire pardonner c'est pas une preuve ça ? Non, c'est juste de la prévention et du management appliqué). Bref, je reprends.
L'avantage de partir en mission avec un sportif de très très haut niveau, c'est qu'on se met soi même à s'intéresser au sport. Ben ouais, au bout d'un moment on a fait le tour des départements français, (le 47 hein c'est quoi le 47 ?), on sait que Basse Terre est la capitale de St Kitt et Nevis (il y a des trésors d'information dans les agendas de nos jours), alors on fait du sport. (oui l'étape suivante sera de réciter les départements français tout en faisant du sport).
Et pas que du vélo bien sûr.
Il y a aussi la picine, le badminton de salon (ben finalement on n'avait pas pris la maison avec terrain de badminton, alors ça nous handicappe un peu pour l'organisation du championnat international de Tiravolo), et bien sûr le rugby (parce que le Z c'est un sportif du genre rugbyman et ça rigole pas).
Alors le rugby je vous rassure tout de suite, vous les puristes, je suis restée au stade j'apprends les règles en regardant le tournoi des 6 nations devant un cappuccino. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai vaguement eu l'impression de manquer de carrure sur ce coup là.
Bien sûr, j'ai encore pas mal de mise à niveau à faire avant de pouvoir prétendre au titre très convoité d'assistante monitrice de l'équipe junior de Sena'fe, mais encore un peu d'entrainement et moi aussi je pourrais jurer devant mon poste de télévision tous les ans en février. Et ça, ça n'a pas de prix...
(Quand je pense que si ça se trouve je pourrais jurer les départements à vélo d'appartement devant la télévision, j'en frémis d'avance...)

mercredi, février 02, 2005

Mon passeport a moi

comme tous les voyageurs j'entretien avec mon Passeport une relation assez sentimentale. Ce n'est pas une simple paperasse adminstrative symbole des entraves posées à la liberté de mouvements des citoyens du monde (en voilà une belle envolée lyrique, non?)
Alors que c'est vrai, le passeport d'un côté c'est la matérialisation des frontières dans mon sac à main. En principe les voyageurs devraient le détester.
En fait, comme de gros benêts que nous sommes il est plutôt perçu comme le symbole de la liberté de parcourir le monde, le sésame ouvre toi du garde frontière.
Enfin tout dépend de ce qu'il y a marqué sur la couverture bien sûr. La rumeur m'a laissé croire que la couverture qui ouvrait le plus de portes était rouge avec une grosse croix blanche. n'ayant jamais eu l'occasion de la tester moi même, je ne saurais confirmer ou infirmer ce bruit (oups je viens juste de me retenir de faire le plus mauvais jeu de mots jamais sorti de ce clavier, merci backspace). Cela dit la couverture bordeaux avec marqué "Union européenne" est assez efficace aussi pour passer les frontières.


En tout cas, moi ce que j'aime vraiment bien dans mon passeport, c'est que c'est un document qui a l'air vraiment sérieux comme ça (et le regard des gens a tendance à renforcer sa crédibilité, surtout celui des gens en uniformes qui ne rigolent pas trop quand ils me demandent mon passeport) et que dedans c'est le bordel. Il y a des tampons dans tous les sens, des bouts d'écritures illisibles et dans des langues diverses et variées, des autocollants trop vieux et qui se décollent, des tampons qui bavent...
Je crois que je prends soin de l'extérieur de mon passeport juste pour accentuer encore ce contraste. Très propre sur lui du dehors et n'importe quoi à l'intérieur.
Et pourtant, il continue à garder sa crédibilité (enfin un peu moins que dans son jeune âge, quand il était tout neuf et innocent), et à me servir de clé à frontière. Comme quoi les policiers des frontières ne sont après tout pas si regardant.

Euh, Je préférerais que personne n'en tire de conclusions hâtives sur la personnalité de sa détentrice, je vous ai vu venir et ça ne veut strictement rien dire d'abord. D'autant plus que je vais probablement bientôt devoir en changer, et tout recommencer à zéro (vu que j'ai bien compris qu'il est très mal vu de customiser soi même son passeport, après il ne marche plus).
Mais tout ça pour dire que vu que je vais incessament probablement recevoir une carte de resident, il vient d'obtenir un sursis. Vive lui.